[ #ENMI13 ] Johan Söderberg. Imprimantes 3D et production décentralisée – vers “l’usine à domicile” ?
Chercheur post-doc à l’Institut Francilien Recherche Innovation Société (IFRIS), Johan Söderberg s’intéresse aux aspects conflictuels qui viennent de l’innovation et qui sont provoqués par les utilisateurs eux-mêmes. À partir du moment où les imprimantes 3D sont devenues largement accessibles aux consommateurs, le premier conflit en propriété intellectuelle sur la question des objets imprimables en trois dimensions a émergé. En février 2011, la première ordonnance de cessation et d’abstention (anglais : Cease and desist order) était envoyée, réclamait la propriété d’un objet. L’objet en question était le modèle d’un « triangle de Penrose » <#sdfootnote1sym>. Il s’agit d’une illusion d’optique bien connue où les faces du triangle se rejoignent aux mauvais endroits. L’objet ne peut pas exister, excepté comme représentation en deux dimensions sur une feuille de papier. Le droit d’auteur sur ces objets-la ne pouvait pas exister non plus, mais tout de même, il va s’installer bientôt dans le monde entier. La convergence des matériels et logiciels (hardware et software) a fait son chemin bien avant que la vague des imprimantes 3D faites maison. Ce que pointe ce raisonnement est un avenir où les aspects les plus controversés de la propriété intellectuelle, à savoir les systèmes de gestion des droits numériques, la surveillance de la clientèle en temps réel, et la fixation complexe des prix, vont déborder sur l’ancienne frontière entre le virtuel et physique, et redéfinir la propriété privée telle que nous la connaissions. Les deux types de propriété convergent vers ce que j’appelle la « propriété augmentée ». La propriété intellectuelle doit être analysée dans ce cadrage, plus englobante, en rendant compte d’un circuit plus large de la production, de la marchandisation et des relations de travail. |