« La ville frugale se fixe comme priorité d’offrir plus de satisfactions à ses habitants en consommant moins de ressources. Elle prend en compte les contraintes énergétiques qui se resserrent, mais aussi la réduction des marges économiques et financières, pour dessiner un modèle qui n’est pas seulement subi, mais repense un nouvel art de vivre, plus simple et plus en phase avec les identités locales.«
La ville frugale se fixe comme priorité d’offrir plus de satisfactions à ses habitants en consommant moins de ressources. Cette notion part du constat suivant : l’accumulation des crises économiques, énergétiques et écologiques va prochainement nous obliger à faire des choix difficiles qu’il vaut mieux anticiper que subir.
Le principe de frugalité se rapproche des principes « consommer mieux » ou « consommer moins » dont une étude de l’ADEME a montré qu’ils étaient approuvés par la moitié des Français. Ce principe consisterait à vivre mieux en consommant moins de ressources. Ainsi formulée, on peut lui trouver une connotation philosophique, et plus particulière
ment épicurienne : c’est l’art de concilier satisfaction de plaisirs naturels et nécessaires avec une relative économie de moyens. Elle implique une non-dépendance par rapport aux faux luxes et aux faux plaisirs.
Par son épicurisme, le principe de frugalité élimine certaines options telles que : la pénitence organisée par le seul renforcement des taxes et normes et son option inverse de la régulation par le marché et la technologie qui renoncerait à modifier les modes de vie ; ou l’option de la collectivité providence qui compterait sur la puissance publique
pour financer indéfiniment le dérapage des coûts urbains.
Source : La ville de demain : intelligente, résiliente, frugale, post-carbone ou autre. Une Synthèse documentaire. Par le Centre de Ressources Documentaires Aménagement, Logement et Nature SG/SPSSI/MD.
Mots-clés :
- sobriété / low tech / low cost
- DIY / détournement
- recyclage / économie des ressources
Exemples emblématiques :
Acteurs porteurs du modèle :
- Écologistes
- Certains innovateurs technologiques
- Certaines collectivités
Acteurs en défaveur du modèle :
- Les grands acteurs de la smart city
- Les acteurs du numérique
Problématiques et limites :
- Est-on capable de répondre aux enjeux écologiques en période de crise économique ?
- Est-on capable de rendre l’esprit “low cost” et “low tech” désirable au moment de la compétition mondiale entre les métropoles ?
Références :
Jean Haëntjens
Résumé du livre La ville frugale (éditions Fyp, 2011)
Parmi les représentations possibles de la ville de demain, il en est une qui fait son chemin: c’est celle d’une ville frugale, qui se fixerait comme priorité d’offrir plus de satisfactions à ses habitants en consommant moins de ressources.
Elle prend en compte les contraintes énergétiques qui se resserrent, mais aussi la réduction des marges économiques et financières. Elle résonne avec un courant d’aspiration particulièrement développé en Europe, qui tend à privilégier la simplicité et le retour au naturel. La frugalité choisie n’est pas seulement considérée comme une solution préférable à la pénurie subie; elle est aussi vue comme l’occasion de réinventer un nouvel art de vivre, plus joyeux, plus en phase avec les identités locales, moins dominé par les stéréotypes de la consommation mondialisée.
Pour valider l’intérêt de cette représentation, il fallait la décrire ; regarder dans le détail et à différentes échelles comment elle pouvait fonctionner, et ce en intégrant les attentes de mobilité, d’espace, de sociabilité, de rapport à la nature portées par une majorité de citadins. Il fallait ensuite évaluer les conditions de sa faisabilité politique. Tel est le parcours qui est proposé dans ce livre.
Il s’appuie à la fois sur mon expérience opérationnelle (direction d’une agence d’urbanisme, direction de projets urbains, conseils aux collectivités locales) et sur ma participation à de nombreux séminaires et travaux sur la ville durable organisés par différentes institutions : Ministère de l’Ecologie, Commission Européenne, Caisse des dépôts, Futuribles, Université de Copenhague, etc.
Le concept de ville frugale auquel il aboutit est rien une synthèse des idées qui sont aujourd’hui expérimentées par les villes les plus innovantes. Il ne constitue par un modèle urbain clé en main, mais un cadre logique au sein duquel peuvent s’inventer – et s’inventent déjà – de nombreuses solutions.
Il illustre un mode de raisonnement fondé à la fois sur la recherche de compromis, notamment entre les attentes et les contraintes, et sur la recherche de cohérence dans l’utilisation des nombreux leviers qui permettent d’agir sur le destin des villes.
Ce livre est aussi une boite à outils à l’usage de tous ceux – élus, techniciens, responsables associatifs, étudiants – qui cherchent des repères ou des « briques » pour transformer leurs rêves de ville en réalité. Il constitue une suite pratique à mes livres précédents : Le pouvoir des villes et Urbatopies.
Auteur de La ville frugale (éditions Fyp, 2011) et de Crises : la solution des villes (2012), l’urbaniste et économiste Jean Haëntjens explique pourquoi il a substitué le concept de ville frugale à celui de ville durable.
Ressources complémentaires
Sources initiale pour cet article : Ateliers Questions Numériques « Transitions » La Fing, 2014. Documentation réalisée par Sophie Mahéo.
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