Dormoy Labs

Démarche initiée en janvier 2015, visant à nourrir l’expérience de l’école des communs autour de l’exploration des communs dans un territoire ou avec une communauté.

« L’école des communs est un espace de co-construction d’un savoir commun pour la pédagogie et la mise en action des communs.« [1]
« Le réseau des communs peut être appréhendé comme une université décentralisée dédiée aux coopérations » [2]

Source : Pésentation du projet par Frédéric Sultan sur le site Remix The Commons

Le quartier La Chapelle Marx Dormoy

Le quartier La Chapelle Marx Dormoy est situé au nord de Paris dans le 18ième arrondissement, entre les faisceaux de voies de chemin de fer partant des gares du Nord et de l’Est et entre au sud le boulevard de la Chapelle et au nord la limite de Paris au-delà du boulevard périphérique. Ces limites ne correspondent pas exactement aux limites administratives[1] et font souvent débat entre les habitants.

C’est un quartier cosmopolite de près de 40 000 habitants. La diversité des cultures qui s’y croisent est une de ses richesses qui ne semble pas faire pas l’objet d’une attention particulière. C’est aussi un quartier où les niveaux de vie semblent très variés. Les plus pauvres vivent dans la rue, les stations de métro ou bien dans les taudis sur les terrains enclavés dans les voies du périphérique, tandis que les plus riches fréquentent les nouveaux lieux de sociabilité comme l’esplanade Nathalie Saraute. Mais la plus grande partie des habitants et des personnes qui fréquentent ce quartier se situent dans un éventail entre ces extrêmes.

Le quartier La Chapelle Marx Dormoy s’est transformé au fil des décennies. Si on s’attache aux années 2000, l’aménagement des squares de la rue de la madone (et de la fontaine d’eau de source), celui de l’esplanade Nathalie Sarraute et de la rue Pajol et la réfection du marché couvert sont les plus visibles. Il faut y ajouter le Parc Éole et le 104, bien que périphériques. La transformation est aussi celle de la population qui fréquente le quartier. Elle est perceptible au fil des ans par exemple à travers la transformation des commerces.

Les initiatives des habitants transforment aussi la vie dans le quartier La Chapelle Marx Dormoy. Des associations, des collectifs, des groupes d’habitants s’organisent, soit pour y améliorer la qualité de la vie quotidienne. Ces dernières années (les années 2000), ont vu le déploiement d’initiatives autour de l’alimentation et de la permaculture : épicerie solidaire, jardins partagés, groupe solidaire avec les paysans de la régio et AMAP, achat groupé de denrées alimentaires, aménagement d’espaces publics en îlots de verdure, festival d’agriculture urbaine. Ces initiatives sont souvent liées les unes avec les autres et parfois les mêmes personnes y contribuent. Des activités familiales et communautaires se déroulent dans les églises et les temples de différentes religions.

Cependant, les habitants font aussi face à d’autres problèmes. Incivilité, violence, délinquance, saleté de l’espace public, … Sur ces terrains aussi des initiatives populaires voient le jour et leurs initiateurs sollicitent la puissance publique avec plus ou moins de bonheur.

Il n’en reste pas moins que le quartier La Chapelle Marx Dormoy est traversé de barrières invisibles sociales, culturelles. Certains habitants sont invisibles aux yeux d’autres. L’exemple le plus criant est certainement celui des habitants du bidonville au milieu des voies du périphérique. Pourtant, il semble que ce quartier a une histoire militante autour des questions de migration. Le cosmopolitisme du quartier est-il ou peut-il être le creuset d’une force sociale et politique populaire qui transforme le quartier ? A quelles conditions ?

Quels sont les communs du quartier La Chapelle Marx Dormoy ?

Pour répondre à ces questions, nous nous proposons d’explorer le quartier La Chapelle – Marx Dormoy sous l’angle de ses initiatives populaires et de ses manières de donner vie au quartier. Qui sont les habitants, quelles sont les richesses du quartier, comment y vit-on ? Cette exploration vise à nous permettre de connaître les communs du quartier. Quels sont-ils ? Quels usages en sont fait ? De quels soins font-ils l’objet ? Quels sont les besoins exprimés ? Quelles sont les solutions mises en oeuvre ? comment, par qui ? Les communs sont ici les manières qu’ont les habitants de se saisir et se doter de ressources collectives, et d’en assurer une gouvernance démocratique, pour résoudre les problèmes qu’ils rencontrent et améliorer leur vie quotidienne.

Comment tout cela est-il mis ensemble pour faire une vie d’un quartier, une culture et une identité. Il s’agit d’explorer les limites, la marge, l’étrange, l’étranger, et la manière de s’accommoder dans la vie du quartier. Pour cela, nous proposons aux habitants de raconter leur histoire et leur vision du quartier. Cela se déroule sous la forme d’entretiens enregistrés, en audio ou en vidéo, parfois photographiés. Ces entretiens peuvent se dérouler dans un lieu particulier ou bien en itinérance dans le quartier. Ces entretiens commenceront en janvier 2015 et pourront se poursuivre tout au long de l’année 2015. Tous les fragments recueillis seront rassemblés, publiés et présentés sous différentes formes (carte, frise temporelle, …) et des moments pour exploiter, travailler cette matière proposés dans les mois qui viennent.

Cette matière viendra alimenter une démarche de fabrication d’objets qui pourront être éphémères, matérialisés ou immatériels. Nous avons nommé cela le « Dormoy Labs (powered by Commons) »[2]. Il est ouvert à toutes et tous. Dans un premier temps, il nous semble pertinent de travailler sur les pratiques d’agriculture urbaine / d’auto-suffisance alimentaire en complicité avec Draft Ateliers. Une première étape serait de réaliser un MEETUP en janvier (2015) sur le sujet avec quelques acteurs du territoire. De quoi juger les BESOINS réels. »

Qu’entendons nous par habitants ? Il s’agit de toutes les personnes qui séjournent dans le quartier soit pour leur résidence, soit pour une activité de travail, de vie quotidienne ou de loisir. Les habitants, pour la plupart se désignent eux-même comme tels. Mais les frontières de ce groupe sont volontairement floues pour inclure les personnes de passage comme celles qui y travaillent ou viennent y passer un moment de loisir, ou dont l’installation dans le quartier est temporaire ou incertaine, telle les résidents des des résidences universitaires, des squattes, des campements, les SDF.

Les acteurs

Frédéric Sultan, Clio Meyer, Sylvia Fredriksson, Clément Epié, Nicolas Loubet, Phonesavanh Thongsouksanoumane, Olivia Phanmaha

Note de la rencontre du 26 décembre 2014

 

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