Frédéric Sultan

Entretien avec Frédéric Sultan enregistré à Paris le 17 juillet 2013.

Frédéric Sultan est fondateur de Gazibo, société coopérative créée en 2008 spécialisée dans le conseil, la formation et l’animation de projets collaboratifs reposant sur l’utilisation d’outils numériques.
Membre de VECAM, organisme traitant de l’impact des TIC sur les sociétés, Frédéric Sultan est également à l’initiative du projet multimédia collaboratif Remix the Commons, visant à documenter et illustrer les idées et pratiques entourant la question des biens communs tout en l’explicitant directement par le processus de création.

Frédéric Sultan. Portrait.

Je suis Frédéric Sultan. Je suis membre de l’association VECAM. Professionnellement, je suis animateur, c’est-à-dire acteur et accompagnateur de transformation sociale.

J’ai commencé à travailler dans les années 80 dans l’éducation populaire et le travail social. Dans les années 90, j’ai continué à travailler dans le domaine de la culture scientifique et technique pour faire un travail de politisation des sciences. J’accompagnais la découverte de questions de sciences et société par des adolescents dans les collèges et lycées de Seine-Saint-Denis en mettant en place des parcours, sur des thématiques émergentes à l’époque, comme le sida, la robotique, internet.
Il s’agissait de permettre aux publics d’interroger des scientifiques et professionnels sur ces questions pour qu’ils puissent construire leur propre réflexion.

Dans les années 2000, je me suis concentré sur les enjeux liés à internet et aux médias de communication. J’ai conduit un certain nombre de projets à dimension internationale. J’étais particulièrement intéressé par l’idée d’ouvrir les frontières de ces réflexions là.

Aujourd’hui, je continue de conduire des projets qui ont à la fois une dimension interculturelle et de solidarité internationale, et qui touchent aux technologies de l’information et la communication.

Manifeste pour la récupération des biens communs

À Bélem, à l’occasion du Forum mondial Science et démocratie en 2009, j’ai eu l’occasion d’être l’un des principaux rédacteurs du Manifeste pour la récupération des biens communs. Ce qui me semble intéressant, de mon point de vue, réside en ce que ce manifeste soit né des mouvements sociaux, et non pas des gens qui sont des spécialistes des biens communs. Et du coup, le sujet même de ce manifeste était tout à fait intéressant parce que cela engageait à s’interroger sur la signification de la notion de « récupération » des biens communs. Pour moi, cela signifie récupération au sens presque physique du terme, pouvoir reprendre possession de l’objet même. C’est aussi récupérer au sens de se réapproprier l’idée et ce que cela sous-entend.
De là, est né, notamment sous l’impulsion d’Alain Ambrosi – qui vit au Québec et qui était la personne qui filmait le Forum Science et Démocratie – l’idée d’un projet nommé Remix the Commons et qui consiste à se dire, peut-on remixer les biens communs et les documents sur les biens communs, qui représente un peu l’aventure de ces dernières années.

De la définition des « biens communs »

Il y a une définition que j’aime bien actuellement, c’est l’idée que les biens communs sont un laboratoire de gouvernance.

L’auteur qui m’a inspiré cette phrase c’est Philippe Aigrain. J’ai entendu cette phrase lors d’une rencontre informelle il y a quelques semaines. Je trouve que cette idée là résume beaucoup de choses.

Cela implique que c’est d’abord un processus, que c’est quelque chose de vivant et que cela nécessite des expérimentations. C’est une définition qui me parait très ouverte.

Je pense également qu’il est important de préciser que cette définition est datée. À travers Remix the Commons, une des premières choses que l’on a fait c’est de collectionner des définitions sur les biens communs. Interroger les gens, en leur demandant de résumer en quelques phrases ce que sont les biens communs.
Je me suis plié moi-même à cette question en 2010, et j’avais à l’époque surtout insisté sur le fait que l’on ne pouvait pas donner une seule définition des biens communs, mais ce qui était intéressant était d’en donner plusieurs, et surtout de regarder comment elles étaient situées culturellement, historiquement, économiquement, socialement. La définition que peut donner le membre d’une coopérative à Paris ne sera pas la même que celle que va donner quelqu’un en Amazonie ou quelqu’un dans un village au sud marocain en parlant de l’eau. Il y a une forte incidence du lieu d’où l’on vient et de qui l’on est, et qu’il est très intéressant de conserver cette incidence là et cette richesse. Ce corpus de définitions, à côté des définitions académiques, me parait être un socle intéressant.

Villes en biens communs.

Outils structurants.

Outils du faire ensemble.

Processus de partage d’expériences.

Éducation.

 

 

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