Maïa Dereva
Entretien avec Maïa Dereva enregistré à Lyon le 6 décembre 2017. PortraitStigmergie
En tout cas, c’est la manière dont je les ai pratiqués jusqu’à aujourd’hui, dans le pair à pair et la stigmergie.
Il s’agit moins de passer des heures à discuter de ce qu’il faudrait faire ou pas, de ce qui est bien ou pas.
À Lille, dans le cadre des Assemblées des communs, c’est vraiment cette stigmergie qui, dans la pratique, m’a le plus plu. Bien sûr, il y a eu des aménagements. L’auto-organisation totale manque de chaleur et d’accueil. J’ai eu à cœur aussi de proposer un dispositif de rencontre du groupe, avant de lancer les ateliers. Mais c’était un ajustement. L’état d’esprit est là. LienDocumentationRéseauAssemblée des communsUne assemblée des communs est un concept proposé par Michel Bauwens, qui observe énormément la société et produit un certain nombre de théories.
Les assemblées des communs de Lille Ça c’est la théorie. La mise en pratique est très récente. Forcément, entre la théorie et la pratique, il va y avoir un ajustement. Nous allons créer ensemble les assemblées, et nous allons voir ce que cela donne. Ce qui est très intéressant, c’est de voir, en allant dans les autres villes, qu’une assemblée des communs ne peut être formatée. Chacune est très liée à l’histoire du territoire et aux acteurs déjà présents depuis longtemps. Cela va se tricoter. La forme que va prendre l’assemblée des communs dépend du contexte dans lequel elle nait.
C’est-à-dire pas dans un sens politisé. Les acteurs des assemblées des communs lilloises sont en lien avec l’institution, mais pas de manière formelle. C’est un lien entre des personnes qui se crée. Par exemple, nous avons reçu une personne de la Région, une personne de la Métropole, des personnes qui sont à l’Assemblée nationale. Cependant ces liens ne sont pas formels. Qu’est-ce qu’un atelier de sensibilisation aux communs ? À Lille, c’est un atelier qui a été mis en place de manière très spontanée par une des personnes qui étaient présente, et qui s’appelle Christian Dupuy. C’était son élan contributif. Christian a d’abord souhaité comprendre ce qu’était les communs. Il a énormément lu. Puis il a voulu transmettre et a proposé un atelier pour les personnes qui arrivent à l’assemblée sans rien connaître à tout cela. C’est devenu une forme d’institution. C’est-à-die que, maintenant, quelqu’un qui vient à l’assemblée dispose toujours de cet atelier si il ne sait pas comment s’insérer.
Christian a fait des diapositives. Au fur et à mesure, le discours s’est élagué. Il avait tellement lu des auteurs comme Dardot et Laval qu’il avait une vision très macro des communs. Petit à petit, il a affiné l’atelier pour que celui-ci soit plus adapté à une personne qui arrive. Puis les personnes posent des questions. Parfois aussi, cet atelier peut s’adapter aux personnes qui y participe. Je me souviens d’une personne qui avait participé et qui venait d’une AMAP. C’était alors posé la question, durant l’atelier, de savoir si une AMAP était un commun. Ils ont travaillé pendant un petit moment pour définir ce qu’était la ressource, la gouvernance, la communauté autour, etc. Ce que l’on comprend, c’est que derrière l’idée d’assemblée des communs, il y a des ateliers? Fonctionnez-vous comme cela ? Oui, c’est tout à fait ça. Il est vrai que le mot stigmergie est un mot valise pour désigner l’auto-organisation. Très concrètement, lors des assemblées des communs, une fois que l’on s’est dit bonjour et que l’on a partagé les nouvelles du réseau, chacun peut lancer un atelier sur le sujet qui l’intéresse. Si je résume, la manière dont les assemblées des communs se sont mises en place à Lille ou dans sa région, c’est l’idée d’avoir des temps contributifs, qui peuvent être organisés par tous, et si possible dans une continuité temporelle et avec une certaine régularité. Oui, tout à fait. Et c’est vrai que le mot assemblée est peut-être un peu trompeur à cet égard. C’est-à-dire que nous ne sommes pas en rond à discuter politique.
Chambre des communsLa Chambre des communs est une notion proposée par Michel Bauwens, en lien avec l’Assemblée des communs.
Comment vivre des communs ? Comment relier des projets ensemble ? Tout reste à construire. À Lille, la Chambre des communs est en phase d’expérimentation, et moins mature aujourd’hui que l’Assemblée des communs, même si nous avons déjà beaucoup travaillé la question. Aujourd’hui, la Chambre des communs n’existe pas en tant que telle, mais nous avons posé des jalons. Une association a été créée. Un autre, pré-existante, sert pour le moment de base pour les échanges financiers. Il y a également une coopérative d’activité et d’emploi qui fait aussi partie du dispositif.
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