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Les 8 et 9 novembre 2013, dans le cadre du Festival Chroniques des Mondes Possibles, s’expérimentera à Aix-en-Provence le projet Murmures urbains, projet d’écriture située. Nous débutons le 04 novembre une résidence de création en vue de la préparation du dispositif.

Avec Djamel Afnaï, Xavier Boissarie, Alix Denambride, Sylvia Fredriksson, Emmanuel Guez, Elsa Mingot, et Florent Dubois (développement). Avec le soutien de : Seconde Nature.
Murmures Urbains est une expérimentation artistique médias situés proposée par Orbe. Conception : Xavier Boissarie, Emmanuel Guez, Lucile Haute. Projet développé grâce à (par ordre chronologique) : La Chartreuse CNES de Villeneuve-lez-Avignon, 
la FAIAR (Formation Avancée Itinérante des Arts de la Rue) Marseille, l’Université de Paris 8, 
Kawenga, 
l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier Agglomération, 
l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon, 
le Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne et l’Université de Saint-Étienne.

Murmures urbains

Murmures urbains est un projet d’expérimentation d’écriture située. Celui-ci s’inscrit en continuité des sondes et constitue une invitation à explorer, au sein d’un territoire donné, une fiction sonore située au gré d’expériences proposées par le dispositif. La manière dont le spectateur suit (ou pas) ces propositions constituent l’« histoire », son histoire, en tout cas, celle qu’il racontera après l’avoir vécue. À l’instar du jeu vidéo où le joueur ignore tout de la règle avant de jouer, le spectateur-joueur ignore ici quelles sont les “règles du jeu”, un jeu qui l’entraînera à explorer son propre rapport à la règle et à la norme.
Le projet renverse le processus habituel d’écriture textuel du spectacle vivant. Le spectateur commence par vivre une suite d’expériences performatives proposées par un dispositif dont les effets sont imprévisibles, y compris pour les concepteurs du dispositif. L’écriture, c’est-à-dire le récit de ces expériences qui constituent la trame du spectacle, n’est produite qu’à la fin de l’expérience. La somme des récits d’une journée d’expérimentation est la matière et la forme du texte du spectacle. Le spectateur est ici à la fois performeur et média.

Murmures urbains se joue de et avec la ville. Chaque ville est un creuset d’histoires à multiples facettes. Chaque corps urbain est animé d’une horlogerie complexe avec le cycle des transports publics, les horaires des magasins et services, la noria des piétons, les multiples rituels qui le parsèment. Murmures Urbains propose de partir à la rencontre d’un quartier, de ses habitants et de ses rythmes, permettant ainsi la découverte de quelques coulisses d’Aix-en-Provence, des dimensions insoupçonnées, même par ses habitants.

Sondes

Murmures urbains s’inscrit dans la continuité de la Sonde 04#12  Si loin, si proche menée en 2012 à la La Chartreuse (Centre National des Écritures du Spectacle). Projet d’expérimentation autour du théâtre, des arts numériques et du réseau, l’objet de la Sonde était d’explorer les articulations entre jeu-vidéo, scène et rue. Dans ce cadre, Orbe proposait l’expérimentation de protocoles et règles, supportés par un dispositif de médias situés. Le territoire devenait espace en niveau de jeu.

Reprise des problématiques de la Sonde 04#12 :

1. LE JEU

Nous proposons une définition du jeu comme espace de liberté dans un espace de contrainte. Il s’agit d’étudier différents jeux, c’est-à-dire : des marges d’interprétation laissées à l’expérimentateur par le protocole. Ces protocoles prennent la forme d’un set de consignes verbales implémentées dans le Dispositif de Médias Situés de Orbe.

La dérive, comme parcours ouvert et non destinatoire, qualifiée de protocolaire, met en exergue un paradoxe : quels nouveaux possibles sont ouverts par l’astreinte à un protocole ? Comment un protocole est-il mis en puissance, réalisé, performé, transmis, traduit, interprété, laisse ou non trace… C’est-à-dire : comment acquière-t-il une dimension plastique (au sens de Catherine Malabou : ce qui donne et reçoit la forme) ? Des modalités d’autorité entrent en ligne de compte, ainsi qu’un aspect prédictif. Pourtant, le protocole ne prévoie pas l’ensemble de ce qui va émerger par son application.

Nous axons l’écriture des consignes autour de trois axes :

  • déambulation (le corps dans / parcourant l’espace)
  • intersubjectif (provoquer ou orienter les rapports entre expérimentateurs et non-expérimentateurs, et expérimentateurs entre eux)
  • sérialisation (répétition, rituel, cycle court ou écho temporel)

2. IMMERSION v/s RÉFLEXIVITÉ 

Une autre problématique est celle du mode d’expérience. Elle fait écho aux réflexions de Dominique Boullier. Celui-ci mettait en avant le fait que notre mode d’être au monde en temps normal est celui de l’immersion (« je suis dans le monde ») ; tandis que celui instauré par l’appareil perspectif induit une mise à distance du monde, une dissociation des sujets et des objets, dont les rapports sont régis par un dispositif (nous reprenons ici la définition de Giorgio Agamben). La réflexivité serait la capacité à se projeter dans l’espace et le temps, se voir depuis un point extérieur à soi-même.

Les protocoles expérimentés lors de la Sonde visent à provoquer des expériences immersives.
Trois types de scénarisation sont étudiés :

  • fiction (émancipation du regard des autres par la projection dans la fiction)
  • progression (dans le type de consignes / d’implication attendue)
  • collectif (agir à plusieurs ‘joueurs’ ou agréger d’autres personnes ‘non joueurs’)

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