Alexandre Guttmann

Entretien avec Alexandre Guttmann enregistré à Paris le 12 avril 2018.

Portrait

Je m’appelle Alexandre Guttmann. Je suis doctorant à l’Université Paris XIII CEPN (Centre d’économie de Paris-Nord) et je travaille notamment sur les communs urbains avec Benjamin Coriat, mon directeur de thèse.

Je suis né à New-York et habite maintenant à Paris.

Les villes m’intéressent beaucoup. C’est la raison pour laquelle je me penche aujourd’hui sur les enjeux liés aux communs urbains. Au-delà de ma démarche de recherche, je deviens de plus activiste et collabore avec un réseau de commoners. Il y a beaucoup à faire pour lutter contre les enclosures des ressources issues des logiques de la propriété privée et de privatisation.

À l’Université, j’ai fait une licence en études environnementales. Je me suis aperçu que notre système économique traditionnel ne pouvait régler des problèmes tels que le changement climatique.
Alors, j’ai essayé de regarder les théories économiques qui s’intéressent aux questions écologiques. Il s’est avéré que c’était un peu difficile à trouver.

Puis j’ai fait un master en innovation sociale, autour des politiques d’innovation dans différents pays. J’ai alors rencontré Benjamin Coriat.

Quand j’ai expliqué à Benjamin Coriat que je m’intéressais à porter les problématiques écologiques dans le champ de l’économie, il m’a immédiatement introduit aux communs.

De là, je suis tombé amoureux des théories autours des communs.

Finalement, les communs consistent à proposer un autre système de propriété, ni privé, ni public, qui dévoile toute une culture et une dynamique – non comptables dans l’économie traditionnelle – mais qui permet de formuler des réponses face aux questions écologiques et aux pressions liées au changement climatique.

Thèse

Au cours de mon travail de recherche sur les communs, j’ai découvert certains concepts qui m’intéressent particulièrement. Ceux-ci ne sont pas qui sont pas quantifiables du point de vue de l’économie conventionnelle, mais qui sont essentiels pour penser la question des communs vis-à-vis du marché et de l’État.

Droits sociaux

Comment les communs peuvent-ils renforcer les droits sociaux, notamment des personnes discriminées par notre système actuel ?

Le marché oublie aujourd’hui un ensemble d’individus menacés par des problèmes socio-économiques et socio-écologiques, et ces problématiques ne sont pas adressés dans une pensée néo-classique de l’économie.

En étudiant les communs, on peut observer quels sont les droits sociaux qui sont assurés au sein de systèmes contributifs. Par ma démarche, j’interroge les enjeux d’accès aux ressources élémentaires comme la nourriture, le logement, l’énergie.

Partage de la connaissance

Du fait des enclosures de la connaissance liées à la propriété privée, l’accès à la connaissance, dans notre système actuel, n’est pas égale pour tous.

Je m’intéresse aux mécanismes ouverts d’accès à la connaissance, qui permettent la réutilisation, la modification des contenus gérés au sein de systèmes de gouvernance horizontaux.

Je mets en pratique cette dynamique de partage de connaissances au sein de mon projet de thèse en contribuant au projet Remix The Commons et en particulier à l’Atlas des Chartes des communs urbains, qui recense, documente et met en relation, par le web sémantique, les expériences de communs urbains. C’est une manière de partager des savoirs.

Remix the Commons et l’Atlas des Chartes des communs urbains

Remix The Commons est une plateforme ouverte qui présente des projets de communs
partout dans le monde. Cette plateforme multiculturelle traite de tous les domaines, à toutes les échelles. Par exemple, elle questionne les enjeux de gouvernance des pays mais aussi les initiatives locales.
C’est une plateforme ouverte et contributive mais aussi une ressource que tout le monde peut utiliser. Il s’agit de partager la connaissance autour des projets mais aussi de fédérer les acteurs des communs en réseau.

Un des projets développé sur le wiki de Remix The Commons s’intitule Atlas des Chartes de communs urbains. Ce projet répertorie des chartes créées par des communautés, et interroge l’outillage juridique qui encadre les communs.

Cet atlas des chartes des communs urbains permet le partage de bonnes pratiques entre les communautés. J’espère que des individus s’appuieront sur cet atlas pour créer des initiatives dans leur propre pays.

Au sein de l’Atlas des chartes des communs urbains, je travaille à une documentation des chartes, en faisant apparaître les concepts clés, mettre en relation les chartes entre elles.
Cette démarche permet de révéler un réseau qui se construit autour des communs urbains.
Par ailleurs, j’étudie les pratiques des communautés qui entourent ces communs, les mécanismes juridiques et outils qu’elles emploient, et la nature des relations que celles-ci mettent en place avec l’État.

Cocréation

Je m’intéresse à la façon dont les gens peuvent trouver des solutions ensemble au sein de groupes hétérogènes regroupant des personnalités différentes.

Au sein du projet Atlas des Chartes des communs urbains, j’observe de multiples initiatives où les gens s’organisent et se mettent en réseau pour développer des actions, sans avoir besoin de faire appel à l’État ou au marché.

Gouvernance autonome

En développant des communs, les gens mettent en place des systèmes de gouvernance indépendants de l’État et du marché.
Par exemple, en ce qui concerne les communs urbains, les individus mettent en place leurs propres règles adaptées aux ressources qu’ils gèrent, et dans une temporalité qui est celle de la vie de leur quartier.

Service écosystémique

Tactical Chartering Manifesto

Le rôle des chartes, des textes juridiques, des textes académiques

Exemples de projets repertoriés dans l’Atlas des Chartes des communs urbains :

Versant solidaire de Forest

La Chapelle

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