Joël Marty

Entretien avec Joël Marty enregistré le 15 mars 2018 à Saint-Étienne.

Portrait

Je développe depuis sept ans maintenant une action dans l’univers de la transition, inspirée des démarches de transition telles qu’elles ont démarrées en Angleterre sous l’impulsion de Rob Hopkins, dans l’esprit des villes et territoires en transition.

Il y a 4 ans, nous étions rapprochés du Mouvement Colibris.

En février 2014, nous avons fondé le Collectif pour une Transition Citoyenne dans la Loire. Ce collectif est le correspondant du Collectif National pour une Transition Citoyenne, qui se réunit annuellement depuis 2010 à Cluny, le dernier week-end du mois de mai.

En février 2014, dès la première réunion, 21 associations, coopératives ou petits collectifs se sont regroupés pour fonder le Collectif pour une Transition Citoyenne dans la Loire.
Depuis, nous avons régulièrement augmenter le nombre d’organisations qui constituent le collectif : nous étions 25 à la fin de l’année 2014, 32 à la fin de l’année 2015, 37 à la fin de l’année 2016. Enfin, nous étions 42 à la Fête des Possibles en septembre 2017, et 8 autres organisations viennent de nous rejoindre. Le 12 avril 2018, une 50ème organisation, ENVIE Loire, rejoindra le Collectif pour une Transition Citoyenne dans la Loire.

Au-delà du nombre, ce qui nous réunit est en premier lieu une charte. Cette charte prend la forme d’une déclaration commune, rédigée par le Collectif National pour une Transition Citoyenne, dans laquelle les différentes organisations déclarent se reconnaître et en harmonie avec tous les principes qui y sont énoncés.

Que fait le Collectif pour une Transition Citoyenne dans la Loire ?

Depuis 1 an, d’une part, nous densifions l’action. Et par ailleurs, nous mettons en œuvre une gouvernance partagée, dont l’essentiel de l’esprit est inspiré de la sociocratie.

Quelles actions ont été faites par le Collectif pour une Transition Citoyenne dans la Loire ?

Nous faisons de petites actions de formation sur l’engagement citoyen, le pouvoir d’agir, les outils numériques et en particulier les logiciels libres, qui sont d’autant plus intéressants pour les associations que souvent les finances sont limitées.

Tous les 2 ans, nous organisons un Forum Ouvert. Nous en avons fait un en 2014, puis en 2016 dans l’esprit de “la Transition, on passe à l’acte

Enfin, nous sommes en train de préparer la Fête des Possibles pour septembre 2018.

Nos actions les plus régulières sont des conférences-débats qui se déroulent un dimanche matin par mois, en partenariat avec le Cinéma Le Méliès, ou des ciné-débat sur des thèmes aussi variés que l’éveil de la permaculture, la croissance des inégalités, des coopératives comme modèle économique assez exemplaire.
Nous avons projeté Le dernier continent, un documentaire de Vincent Lapize qui raconte l’histoire de Notre-Dame-des-Landes, L’Assemblée est un film réalisé par Mariana Otero qui raconte Nuit Debout,ou encore La reine bicyclette, qui parle de l’intérêt du vélo.

Ces conférences et ciné-débats sont tournés vers le penser global mais aussi sur l’agir local.

Communs

Qu’est-ce qui me relie aux communs ? Si j’essaie d’être intellectuellement honnête, je commencerais par reconnaître que cette notion est relativement nouvelle. Si j’ai passé toute ma vie professionnelle dans le monde des entreprises, avec un oeil critique sans doute, j’ai été globalement plutôt à l’aise dans le monde libéral tel qu’il est encore aujourd’hui. Il a donc fallu la retraite pour que j’ai le temps, physique et intellectuel, de comprendre qu’il y existait d’autres mondes que le monde libéral, et pour progressivement, redécouvrir le monde des communs.

Transition

Je me sens imprégné de l’univers des communs, et j’ai l’impression d’y participer par la transition.

L’esprit de la transition, c’est d’évoluer d’un monde qui se meurt vers un nouveau monde à construire.

Dans ce nouveau monde à construire, on sent bien qu’il faudra mettre en œuvre beaucoup moins de compétition pour beaucoup plus de coopération.

La transition, je l’ai abordée d’abord essentiellement par la question énergétique. C’est comme cela d’ailleurs, que Rob Hopkins l’a également appréhendée.

Aujourd’hui, on voit bien que la transition va s’imposer dans tous les domaines, agricole, économique, numérique et bien évidemment dans le domaine écologique.

Citoyenneté

Les communs me permettent aussi de retrouver ma condition de citoyen, que ma vie professionnelle, un peu trop intense, m’avait fait oubliée.
C’est là que j’ai retrouvé une part de ma jeunesse, dans le mesure où le périgourdin que je suis s’est souvent qualifié comme un fils de Jacquou le Croquant, celui qui se révoltait contre les puissants en place au début du 19e siècle.

Collapsologie

La réflexion sur les communs me paraît d’autant plus importante que je suis aussi en train de devenir un collapsologue amateur.

Depuis 5 ou 6 ans, j’ai fait de nombreuses lectures et consulté des vidéos sur différents aspects et cheminements qui nous amènent à l’effondrement.

Aujourd’hui, je dis que la responsabilité de quelqu’un de conscient et d’engagé, c’est d’aider les autres à la prise de conscience de l’effondrement.

Non pas pour le plaisir de peindre l’avenir en noir, mais pour que cette prise de conscience puisse permettre de passer rapidement de la phase actuelle de déni, et qui sera sans doute suivie par une phase de dépression inévitable, à une phase de reconstruction, ou plus exactement de résilience.

C’est ce que nous allons essayer de faire au sein du Collectif pour une Transition Citoyenne dans la Loire.

Résilience

Au sein du CTC42, nous allons essayer de sensibiliser aux enjeux de résilience en abordant la question de l’autonomie alimentaire.

L’autonomie alimentaire est la première des résiliences à construire. Si l’on considère la pyramide de Maslow, il me semble important de se soucier du premier étage de cette pyramide, qui correspond aux besoins physiologiques. L’enjeu est d’abord de pouvoir manger. Ventre affamé n’a pas d’oreilles.

Construire l’autonomie alimentaire me paraît être un enjeu prioritaire.

J’ai découvert récemment le moyen, par le biais de celui qui a diffusé l’esprit des
Incroyables Comestibles en France. Une méthodologie a été mise au point, avec un cheminement pas à pas, pour essayer de d’aller vers l’autonomie alimentaire.

Cela me paraît parfaitement cohérent avec les communs.

La démarche des communs étant aussi, plus globalement peut-être, la voie médiane qui nous permettra de retrouver un chemin et une forme de développement à mi-distance entre ce qui a été l’esprit du communisme – mais dont on connaît toutes les dérives – et évidemment loin des excès du capitalisme que nous vivons aujourd’hui.

2 Comments

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