Diane Vattolo

Entretien avec Diane Vattolo enregistré à La Paillasse Paris dans le cadre de l’École des communs, le 15 novembre 2014.

Diane Vattolo. Portrait

Do-ocratie

En terme de processus de collaboration, un des phénomènes que j’ai pu observé, qui me semble très efficace bien que celui-ci ne me fasse pas totalement plaisir, c’est la do-ocratie. C’est un processus très autocratique plutôt que démocratique.

La do-ocratie est le processus selon lequel une personne prend spontanément en charge une initiative et fait bouger les choses. Je me rends compte, dans mon parti, à quel point les gens ont peur de voir émerger quelqu’un qui agisse sans avoir consulté les autres.

D’expérience, je me dis que cela n’est pas grave. C’est un phénomène que j’ai observé, notamment, à la Quadrature du net, qui est par ailleurs l’un des trucs les plus efficaces que je connaisse, et qui fonctionne surtout de manière do-ocratique. Je me dis que ce n’est pas grave tant que ces personnes qui prennent des initiatives sont ensuite prêtes à lâcher la main.

Ce qui est fait collectivement n’appartient pas à un individu en particulier, mais est remis dans le pot commun. Il est ensuite souhaitable que quelqu’un d’autre s’en empare.

Confiance

Lorsque j’étais candidate, j’ai écrit un article sur mon blog à propos de la confiance. La défiance est un sentiment normal, et même nécessaire. La confiance aveugle est une bien moins bonne chose.

Il faut toujours avoir un petit peu de défiance, c’est-à-dire vérifier, contrôler. Il faut toujours des garde-fous pour éviter les dérives, et cela quel que soit le système.

Et à partir de ce moment où ce petit peu de défiance existe, ensuite, il faut faire confiance à priori, parce que cela marche très souvent.

Toutes ces expériences me laissent à penser que « l’homme bon » n’est pas simplement un mythe. Si on l’investit, souvent, l’homme soulève des montagnes.

En tant que candidate, je suis parvenue à faire des choses dont je ne me croyais pas capable. Et cela parce que l’on m’a fait confiance, et que je me suis sentie investie d’une responsabilité.
J’ai vu cela des milliards de fois. Puisque de toute façon dans l’associatif il n’y a pas de moyens, dès lors que quelqu’un a une petite envie, on la soutient. Quand on met un bout d’ongle, on vous prend le bras.
Et dès lors que cette personne ne se sent pas noyée et n’a pas peur, alors elle peut commencer à faire, et réalise des choses magnifiques. Pas forcément ce que l’on attendait, mais ce n’est pas grave. Ce qui émerge est toujours très important. C’est une pierre d’un édifice dont briques ne sont jamais toutes de la même taille. Mais quelle que soit la taille ou la nature de la contribution, c’est toujours un moyen d’aller dans le bon sens. Cela avance, dans le bazar, mais cela avance, dans le bon sens.

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